9 avril 2020

Publications

Rentrée 2020 : la communication tronquée et en trompe-l’oeil du recteur

Le recteur de l’académie de Toulouse a communiqué hier mercredi 08/04/20 à la presse les “ bonnes nouvelles ” de la rentrée 2020 dans le Premier degré de l’académie de Toulouse. Ce faisant, il a occulté une large part de la réalité de la rentrée !
Passons sur le fait que nos collègues du SNUipp-FSU, syndicat majoritaire dans le Premier degré, aient estimé cette dotation insuffisante pour tenir les engagements ministériels (dédoublement des CP, Grandes sections à 24 élèves, etc), malgré un allègement favorable de 1423 élèves dans le Premier degré à la rentrée ; et regardons plutôt en face le revers – soigneusement occulté par le recteur – de la rentrée dans le Second degré.

Pour 1.519 élèves supplémentaires qui y seront accueillis à la rentrée 2020, l’académie de Toulouse a dû rendre 24 postes dans le Second degré ! Elle devra dans le même temps ouvrir 3 établissements supplémentaires, sans dotation ministérielle spécifique en personnel enseignant, documentaliste ou de vie scolaire (CPE). Cette rentrée sera donc, dans le Second degré, marquée par une dégradation des conditions de travail des collègues et d’étude des élèves. Elle est largement permise par la réforme du lycée, qui entre dans la dernière année de sa mise en place, mais également par le choix de continuer à augmenter le nombre des classes à plus de 30 élèves, décompte opéré sans prendre en compte dans les calculs les élèves en situations de handicap, accueillis comme élèves surnuméraires.

Nous reconnaissons bien volontiers que la priorité au Premier degré est une nécessité, mais cela ne doit pas occulter l’abandon du Second degré dans les choix opérés : si, pour le Premier degré, un effort budgétaire national de plus de 1200 postes a été fait en raison de la crise sanitaire pour la prochaine rentrée, le ministère dispose à ce jour d’une enveloppe nationale de réserve de 350 postes pour le Second degré qu’il se refuse à répartir entre les académies !

Le SNES-FSU demande que cette réserve soit dès à présent utilisée, et abondée, notamment pour permettre les allègements d’effectifs qui vont s’avérer indispensables sur le plan pédagogique, en particulier pour permettre les remises à niveau d’ores et déjà rendues nécessaires par le mirage de la “ continuité pédagogique ”. Celle opération, là aussi habilement valorisée par le recteur - qui passe décidément sous silence nombre de problèmes - est en train de creuser de très profondes inégalités entre les élèves et les établissements, du fait des inégalités sociales et matérielles préexistantes dans cette période de confinement, et qui devront être comblées. Faute de quoi certains élèves poursuivront leur scolarité en ayant accumulé des lacunes parfois irrémédiables, d’autant plus si le confinement devait durer. Les premiers retours montrent déjà que les trois premières semaines de confinement ont déjà vu une large part des élèves du Second degré “ décrocher ” sur le plan pédagogique, bien au-delà des 5 à 8% évoqués par le ministre. Le SNES-FSU Toulouse, qui a lancé une grande enquête sur le sujet auprès des enseignants du Second degré, sera en situation d’en fournir une estimation fiable d’ici une quinzaine de jours.

Dans l’immédiat, et pour le SNES-FSU, des moyens supplémentaires pour le Second degré sont plus que jamais indispensables ; un effort supplémentaire en postes s’y impose de manière urgente pour améliorer une rentrée qui s’annonçait déjà difficile, et, désormais, contrer les effets pédagogiques pervers du confinement actuel.